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Le triple assassinat de la rue Montaigne : le sacre du fait divers
Annales de Bretagne et des pays de l'ouest
Article
Edité par Presses universitaires de Rennes ; Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest
En 1887, un crime sanglant devient le révélateur de la place prise par les faits-divers. L’affaire Pranzini, surnommé le « chéri magnifique » ou le « tueur de courtisanes », a enflammé l’imagination d’une époque. Elle s’avère aussi importante que l’affaire Troppmann pour comprendre comment la « Belle Affaire » est devenue un « art de masse ». Le Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse lui consacre un article, attestant de son importance. Aussi, dans la présente contribution, il s’agit de suivre la « mémoire » de l’affaire, puis de scruter de quelle manière les acteurs de la justice et ceux du journalisme se livrent à une concurrence exacerbée, tout en s’attachant aux techniques de la « fabrique » d’un fait divers devenu fait de société. L’affaire de la rue Montaigne concourt en effet à fixer les représentations sociales et culturelles de l’univers du crime, construites à partir de l’écrit. À différentes étapes de l’enquête, l’émotion, le secret et le scandale alimentent l’angoisse et la curiosité des lecteurs et du public de la cour d’assises dans un récit mélodramatique « de l’assassinat d’une fille par son amant de cœur ». Nul doute que l’affaire Pranzini participe à la construction d’une profession, à l’invention du journalisme autour de fait-divers et à la naissance de la culture médiatique.