La reconstruction de la ville, partiellement ravagée en 1720 par l´incendie qui détruit une grande partie de la ville haute, a été longuement étudiée par Claude Nières, dont la thèse a été publiée en 1972.L´auteur signale l´existence de deux plans réalisés en 1721 par Huguet et Forestier, auxquels s´est adressée la Communauté de ville. L´intendant imposera cependant l´ingénieur Robelin, nommé en avril 1721 et auteur du premier projet de reconstruction, approuvé en 1723. En raison de nombreux désaccords, la ville obtiendra le départ de l´ingénieur, remplacé par l´architecte Jacques Gabriel, en 1724. Ce dernier conserve le plan général fixé par Robelin mais modifie les dispositions concernant les places et le règlement édilitaire. Le projet définitif, revu par Gabriel, est approuvé le 29 avril 1725.Dans un mémoire rédigé en avril 1721, Robelin pose plusieurs préalables au projet, dans lequel tout doit être calculé en fonction de l´aisance et du bien public. Les rues, percées en ligne droite, doivent communiquer aisément. Pour faciliter le passage des voitures, les rues principales doivent avoir 6 toises de large (11,40 m) et les traverses 5 toises (9,75 m). Les encoignures doivent être à angle droit, pour la beauté et la commodité.Les places publiques doivent être d´une taille suffisante et les principales rues doivent aboutir aux quatre coins « pour que tout puisse y arriver et repartir sans embarras ».La taille des îlots doit permettre d´éviter le vide au centre. Il faut enfin que les maisons soient de grandeur raisonnable.Et surtout, que les tribunaux ne soient pas dans le même quartier afin d´éviter l´entassement à proximité de ceux qui y siègent.L´ingénieur conçoit donc un projet à l´échelle de la ville, passant ensuite en revue ses différentes parties et donnant des solutions pour chacune d´elles, concernant le tracé des rues, le dessin des îlots, l´aménagement de la Vilaine, les plans des maisons. Il établit également la répartition des charges, la quantité et la nature des matériaux nécessaires, le rythme de reconstruction pour les bâtiments privés, à savoir 50 maisons par an pendant 12 ans.Le plan gravé en 1726 montre que la ville est découpée en 18 îlots pour la partie reconstruite de la ville haute et en 12 îlots dans la ville basse, séparées par la rivière canalisée d´une largeur de 78 pieds et reliées par 5 ponts.Un axe principal relie le parlement et le présidial, dont la construction est projetée dans la ville basse à l´emplacement du jardin des Carmes, tous deux précédés d´une place, l´une de plan carré (parlement), l´autre de plan rectangulaire (présidial). Un second axe principal nord-sud sépare la ville haute en deux, depuis la porte aux Foulons aux murs de Toussaints. Deux places neuves sont placées de part et d´autre, dans la ville haute, alors que dans la ville basse, cet axe marque la limite entre une zone rectifiée conservant sa rue principale, à l´est, et une partie remembrée à l´ouest.Les traverses offrent une perspective sur des monuments publics, au nord, depuis des rues existantes conservées (depuis la rue de la Monnaie au parlement, depuis la place du Parlement à l´église Saint-Sauveur, enfin depuis la place du Calvaire à l´église Saint-Germain). Au sud, les traverses sont simplement destinées à établir une communication avec les portes et les ponts et à assurer la desserte des îlots. Sont également prévus l´agrandissement et la rectification des places, pour leur donner une forme régulière pour dégager les abords des églises (Saint-Sauveur au nord et Toussaints, au sud).Comme le montre le plan, le projet se limite à la ville intra-muros et ignore les faubourgs.En 1722, l´ingénieur propose les plans et coupes des maisons ordinaires, à corps unique, double en profondeur, ou à deux corps reliés par une galerie, suivant la profondeur de la parcelle.La Communauté de ville s´opposera à plusieurs aspects du projet, en particulier la construction du présidial dans la ville basse. Elle souhaite réduire la largeur des rues à 30 et 24 pieds (9 m et 7,20 m), critique le tracé irrégulier de certaines rues (Vau-Saint-Germain) ou dénonce leur inutilité, notamment derrière le palais. Deux places sont un autre sujet de conflit, la place du Champ-Jacquet, conçue par Robelin comme une place à programme, alors que c´est une simple place de marché, et la place neuve jugée inutile et exclue du projet arrêté en 1723.Arrivé à Rennes en 1724, Gabriel souscrit au plan de Robelin, qui « est beau, bien percé avec des rues d´une longueur convenable et bien alignées ». Il songe d´abord à retrancher la place neuve, puis convient, en 1726, qu´on y construira des bâtiments publics, le présidial et l´hôtel du gouverneur, tout en lui donnant des dimensions inférieures à celle du Parlement, pour laquelle il établit un autre règlement édilitaire, arrêté en 1725.Le projet de canalisation de la Vilaine lui semble ajouter à la beauté de la ville et propose de l´élargir à 90 pieds (27 m). Accepté par la Communauté de ville, le projet de canalisation est approuvé par l´arrêt du 29 avril 1725, qui réduit cependant à 3 le nombre des ponts reliant les haute et basse villes. Le plan directeur devient partiellement obsolète, après la Révolution, comme l´indiquent les courriers du préfet à la municipalité, en 1801, suggérant d´établir un nouveau plan d´aménagement urbain. Auteur(s) du descriptif : Barbedor Isabelle